Exposition / Grands formats / Non classé · 8 octobre 2023

Le Lieux-Dix : « Capatations verticales » et « Créer du lien »

Une exposition peut en cacher une autre

Mon exploration de grands formats continue à l’encre de Chine et l’eau sur des feuilles de 100 x 160 cm. Cette fois, je présente mes dessins à Saint-Lô au « Lieu-Dix » de septembre à novembre 2023.

J’ai selectionné quelques œuvres réalisées à l’école de dessin entre 2022 et 2023. Une série nommée pour l’occasion « captations verticales » représentant des rues en niveaux de gris. Ces œuvres sont inspirées de photographies de Daido Moriyama, Sally Mann ou encore Depardon.

Captations verticales

Planqués dans les tréfonds de mes placards, je retrouve mes rouleaux et mes premiers dessins que j’ai commencé à stocker à plat. « Captation verticale », c’est un premier temps pour découvrir mon univers, ma technique sur ce qui était déjà fait.

La première série représente souvent une ambiance, une rue, comme ici celle de Tokyo selon une photo de Daïdo Moriyama.

Parfois, c’est un espace ouvert comme sur le dessin inspiré de la photo de Sally Mann.

L’espace de coworking dispose déjà de cimaises qui sont compatibles avec mon système d’attache pour mes grands formats.

Visite virtuelle de Captations verticales

Depuis Voir en grand, j’ai pris l’habitude de filmer les expositions dans les lieux pour m’en faire une idée.

Ces quelques grands formats présents depuis septembre dans l’espace de coworking, occupent rapidement ce lieu de travail ouvert. Deux autres dessins sont exposés dans le gymnase et le réfectoire du Lieu-Dix pour inciter les visiteurs, ou usagers, à venir voir cette exposition présentée à l’étage.

Mozaïque – captations verticales

Comme une exposition peut en cacher une autre, j’ai voulu peindre sur place dans l’espace de coworking.

Créer du lien

Mon objectif est de réaliser sur place mes dessins, sans savoir véritablement ce que je vais exposer. Il est important pour moi de m’imprégner du lieu pour pouvoir faire émerger des idées et des dessins. C’est un besoin que je ressens de plus en plus pour mes grands formats.

Cette fois-ci, j’ai décidé de venir durant trois lundis avec mon matériel de dessin pour tenter de trouver des sources d’inspiration. Produire in situ pour changer d’air et ressentir la température au plus près des usagers. C’est une manière de m’exercer dans un lieu sympathique et peut-être d’échanger avec les personnes de passage, les habitués.

Jour 1 – Mise en rythme

À force de produire des grands formats, je prends de plus en plus de plaisir à pratiquer dans un autre endroit que dans mon salon qui me sert d’atelier. C’est un sentiment qui grandit au fil des résidences. J’avais déjà un aperçu très bref sur celle réalisée sur les temps Hybrides #2 et également pour Voir en grand à Cherbourg. Dans les 2 premières résidences, j’avais trouvé le temps de m’immerger complètement dans mon travail pour oublier tout le reste. Je recherche regulièrement à reproduire cet état second qui me permet de créer sans voir le temps défiler.

Cette fois-ci, je devais m’investir pleinement pour me concentrer très rapidement. Je pense que le temps d’installer mon materiel, mon cerveau se dit qu’il est en mode créatif ; en mode grand format.

J’ai tenté de dessiner sur une surface autre qu’un mur. Toujours à la verticale, mais sur une séparation en bois. Cela manque un peu d’appui mais ça reste faisable.

Le premier jour, j’ai rencontré Chloé, en pleines révisions équipée de son casque. J’ai mis ma timidité de côté pour lui demander gentiment si je pouvais la photographier et m’en servir pour mes dessins.

Le temps qu’il m’a fallu pour m’immerger dans un lieu est devenu plus court. J’avais plaisir à m’enfoncer de nouveau, même pour une courte journée, dans mon dessin et mon lavis et uniquement cela.

Mon intention reste d’exprimer une sensation vis-à-vis d’une photo, pas de la reproduire exactement. La phase de fusain me sert de béquille pour commencer. Cela ne fonctionne pas toujours. Faire des erreurs fait partie du processus créatif. Il me permet, avec le recul, d’affirmer que j’ai encore beaucoup de choses à travailler dans mon dessin. Cela me donne, paradoxalement, satisfaction.

Cependant, cette concentration entre fusain et lavis me demande une forme de préparation assez poussée. J’ai parfois besoin de lâcher prise.

J’ai reproduit une micro-expérience sur une journée ce que j’avais déjà pu expérimenter sur Cherbourg cet été en 13 jours. Pour un temps, je change de procédé. Je travaille sans filet, sans fusain. Je me lance de façon plus tranchée et directe. Je me laisse vagabonder un peu plus profondément dans mes pensées.

Je me projette assez facilement dans les feuillages et la nature environnante. D’un certain point de vue, cela me permet de me reposer, pour mieux repartir ensuite.

Mon premier dessin de nature pour lacher prise et de me reposer

En fin de journée, en ramassant mon matériel, je repasse mon cerveau en mode, « normal ». Ma journée est terminée. Je me vois rentrer fatigué mais heureux. L’alternance entre dessin depuis photographie avec de l’humain et d’autres plus spontanées et sans fusain me permettent de continuer dans la durée.

Jour 2 – Motivation

Il s’est passé une semaine depuis le dernier essai, pour être dans les temps pour l’exposition, je me donne pour objectif de réaliser entre 3 et 4 dessins par jour. Entre temps, j’ai récupéré plus de photographies et pris le temps de les observer en détail.
J’ai préparé en avance quelques cadrages qui correspondent aux proportions de ma feuille. Utiliser mon ipad comme support pour travailler les photos s’avère très pratique. Il me permet de zoomer sur les détails sans prendre de loupe, ou d’imprimer sur une feuille où je manque de contraste.

Au gré des rencontres sur place, j’ai commencé à collecter quelques photographies. Ces impressions, je tente de les retranscrire sur papier plus tard. C’est le cas de Kassandra qui est passée me voir et a accepté de se faire photographier.

Pas facile de retranscrire son regard. Avec un peu de recul, je me rends compte que je me perds un peu sur les proportions des jambes. Mais j’avance et je ne recommence pas mon dessin. Mes erreurs font de lui une épreuve unique qui ajoute une touche de personnalité à l’ensemble.

Jour 3 – Premiers contacts

Je commence ma journée de dessin avec Lydie, Jessica et Julie que j’ai pu photographier durant leur pause café un matin. Sorte de méta-dessin où j’aurais pu me placer en train de dessiner dessus. Là encore, les proportions et les détails ne sont pas parfaits, mais ce sont les aléas de travailler en grand format. On se perd facilement entre la vision réduite qu’on a de la surface de travail et le rendu global du dessin. Mes lunettes progressives ne doivent pas trop m’aider non plus.

Tout l’intérêt est de ne pas trop savoir en avance ce qui va être produit. À ma façon, j’espère rendre ce lieu encore plus chaleureux et rencontrer des gens pour « créer du lien ». Ce dernier lundi, j’ai réussi à réaliser 4 dessins ce qui va remplir correctement l’espace du foyer en bas pour le vernissage.

Encore une fois, rien n’est droit dans cette représentation. Dans la vraie vie, le feuillage présent va évoluer dans les semaines à venir. Et même si j’ai pris la photo le jour-même, je ne suis pas certain qu’un autre dessin serait identique dans quelques mois.

Le 3e jour est terminé et il me reste encore 2 dessins à réaliser pour faire 10 dessins au Lieu-Dix.

Vernissage

Un concert dessiné se profile avec un musicien en live sur place pour lancer cette exposition « Créer du lien » qui m’aura permis de rencontrer beaucoup de bonnes personnes, de bons sourires et aussi de plonger un peu plus dans mon expérience de ces grands formats.

Concert dessiné

C’est une autre façon de travailler le dessin, où je m’inspire des chansons en direct et je laisse parler mon imaginaire.

En présence de My girl Friend is a nurse, j’ai déssiné en direct en me laissant guider par les chansons.
Merci à Bruno pour ce petit temps partagé ensemble pour cloturer ce vernissage.

Visite virtuelle de Créer du lien

Mozaïque – Créer du lien